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La transformation du métier d’acheteur : de cost-killer à partenaire stratégique

  • Photo du rédacteur: Julien Nowaczyk
    Julien Nowaczyk
  • 24 avr.
  • 7 min de lecture

Le monde des achats connaît une petite révolution. Le métier d’acheteur – jadis perçu comme le cost-killer intraitable armé de son tableur Excel – est en pleine métamorphose. Plusieurs facteurs bousculent le quotidien des managers et directeurs achats : avancée de l’IA et de l’automatisation, importance grandissante des compétences digitales, valorisation des soft skills et nouvelles attentes éthiques. En clair, la mission de l’acheteur s’élargit et se réinvente. Et rassurez-vous, cette transformation ne signifie pas que vous serez remplacé demain par un robot (même si votre tableur préféré, lui, risque de prendre quelques congés). Dans cet article, nous passerons en revue les grands changements du métier d’acheteur et comment les dirigeants achats peuvent préparer et accompagner leurs équipes, avec sérieux et (légère) touche d’humour. Accrochez-vous à vos consultations, c’est parti !

 


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Automatisation, IA et nouvelles compétences digitales

La première grande évolution, c’est l’automatisation des tâches répétitives. Fini le temps où l’acheteur passait ses semaines à saisir des données ou à pointer les prix de ses fournisseurs préférés. Désormais, l’intelligence artificielle et la robotisation permettent de prendre en charge bon nombre de tâches administratives et récurrentes. Par exemple, des robots logiciels (RPA) peuvent traiter des commandes simples ou rapprocher des factures automatiquement, pendant que vous savourez enfin votre café (promis, on ne dira rien). Cette automatisation libère du temps, mais exige en contrepartie de nouvelles compétences digitales de la part des acheteurs. Maîtriser des outils e-achat, comprendre le big data, exploiter des systèmes prédictifs… tout cela fait désormais partie du package de l’acheteur moderne. Or, beaucoup de directions achats hésitent encore à plonger dans le grand bain de l’IA, de la blockchain ou de la robotique, même si les bénéfices potentiels – comme le sourcing prédictif, les transactions automatiques ou la gestion proactive des fournisseurs – sont avérés​. En fait, seulement un tiers des directions achats utilisent aujourd’hui des technologies avancées telles que l’analyse prédictive ou les plateformes collaboratives​. Le message est clair : la transformation digitale est en marche, et il va falloir monter dans le train en marche (à défaut de quoi, gare à rester à quai avec son fax). Les managers achats ont donc tout intérêt à encourager leurs équipes à développer ces compétences numériques. Cela passe par la formation aux nouveaux outils, le recrutement de profils hybrides (mi-négociateur, mi-geek), et une bonne dose de curiosité technologique. L’idée n’est pas de faire de chaque acheteur un ingénieur data, mais qu’il soit suffisamment à l’aise pour tirer parti des outils digitaux et dialoguer avec les experts. Après tout, un acheteur qui discute algorithmique avec l’IT autour de la machine à café, c’est aussi ça le futur du métier !

 

La montée en puissance des soft skills

Automatiser la moitié de vos tâches, c’est bien. Mais que faites-vous de l’autre moitié ? Vous vous concentrez sur l’humain ! Avec la digitalisation, les compétences techniques seules ne suffisent plus : les soft skills (compétences comportementales) deviennent le nouveau graal de l’acheteur. Capacité à communiquer, intelligence émotionnelle, créativité, adaptabilité… Ces qualités humaines, autrefois vues comme des “bonus”, sont aujourd’hui des atouts incontournables. Pourquoi cet engouement pour les soft skills ? Parce qu’en définitive, les achats sont un sport d’équipe et de contact humain. Négocier un contrat, c’est bien plus que cocher des cases sur une plateforme : il s’agit de comprendre les besoins internes, de créer une relation de confiance avec un fournisseur, de résoudre des conflits de manière constructive. L’acheteur doit parfois se muer en médiateur, coach, psychologue… voire en diplomate capable de désamorcer les tensions d’un simple sourire (ou d’une blague bien placée sur la machine à café en panne). La qualité des relations est au cœur de la performance achats, et l’intelligence émotionnelle est de plus en plus recherchée chez les acheteurs pour cette raison​. En d’autres termes, savoir faire preuve d’empathie et d’écoute peut avoir autant de valeur que de savoir calculer un TCO les yeux fermés. Bonne nouvelle, ces soft skills sont des compétences qui se développent. Mentorat, formations en négociation avancée axées sur la psychologie, ateliers de communication… les entreprises investissent progressivement ces terrains. Et pour les directeurs achats, valoriser ces qualités humaines signifie envoyer un signal fort : oui, dans la fonction achats, le savoir-être compte tout autant que le savoir-faire. Avouez que c’est quand même plus motivant de se voir félicité pour sa gestion d’une situation de crise avec calme et diplomatie, pas juste pour avoir grapillé 2% sur un tarif fournisseur.

 

Mutation du rôle : de cost-killer à partenaire stratégique, éthique et collaboratif

Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, l’acheteur était surtout jugé sur sa capacité à réduire les coûts. Telle une créature légendaire, on l’appelait le cost-killer – redouté en réunion budget, rarement invité quand il s’agissait d’innover. Mais cette époque touche à sa fin (vous pouvez ranger le costume de tueur de coûts au placard). La mission de l’acheteur s’élargit désormais bien au-delà de la chasse aux économies. Il devient un partenaire stratégique qui contribue activement à la création de valeur, un garant de l’éthique dans la chaîne d’approvisionnement, et un collaborateur clé dans l’écosystème de l’entreprise. Concrètement, cela signifie quoi ? D’abord, que l’acheteur travaille main dans la main avec les autres directions pour aligner la stratégie achats sur la stratégie de l’entreprise. Finie la vision en silo : les objectifs business et les objectifs achats doivent aller dans le même sens. Il s’agit aussi de penser long terme : au-delà des négociations immédiates, l’acheteur anticipe les risques (pénuries, fluctuations, enjeux géopolitiques) et agit de façon proactive pour sécuriser l’avenir. Ensuite, cela implique de considérer les fournisseurs comme de véritables partenaires. Pendant trop longtemps, on a peut-être négligé cet acteur clé – l’étude Deloitte a montré que les relations fournisseurs étaient loin d’être exploitées à leur juste valeur​. Désormais, collaborer étroitement avec les fournisseurs, co-innover, bâtir des relations de confiance sur la durée, tout cela fait partie du nouveau rôle. Enfin, l’acheteur élargit son champ de vision aux valeurs éthiques et sociétales. Il ne s’agit plus seulement d’acheter au meilleur prix, mais d’acheter responsable. Choisir des fournisseurs respectueux de l’environnement et des droits humains, intégrer des critères RSE, promouvoir la diversité dans la chaîne d’approvisionnement… le rôle de “garde-fou éthique” incombe de plus en plus à la fonction achats. L’acheteur d’aujourd’hui peut se retrouver à expliquer en comité de direction pourquoi il a privilégié un fournisseur un peu plus cher mais plus durable – et ce faisant, contribuer à la réputation et à la stratégie durable de l’entreprise. En résumé, l’acheteur quitte son costume de cost-killer pour enfiler celui de business partner polyvalent. On lui demande de passer de la tactique à la stratégie, de la transaction pure à la collaboration, et de la réactivité à la proactivité​. C’est un vrai changement de posture : être force de proposition, travailler en équipe, et voir au-delà du seul prisme financier. La bonne nouvelle, c’est qu’en devenant ce partenaire stratégique collaboratif, l’acheteur gagne aussi en influence et en reconnaissance au sein de l’entreprise. (Peut-être même qu’on arrêtera de le regarder uniquement comme celui qui dit non – ça vaut le coup d’essayer, non ?)

 

Leviers d’action pour accompagner vos équipes achats

Face à ces transformations, le rôle des managers et directeurs achats est déterminant. Comment aider vos équipes à monter en compétence et à évoluer du mode acheteur 1.0 vers acheteur 2.0 ? Voici quelques leviers d’action à activer dès maintenant :

  • Former et développer les compétences : Investissez dans la formation continue, aussi bien sur les outils digitaux que sur les soft skills. La gestion des talents est un élément fondamental de la performance future : un encadrement solide et des formations régulières sont clairement corrélés à de meilleures performances achats​. Pourtant, 51 % des directeurs achats estiment que leurs équipes n’ont pas encore toutes les compétences nécessaires pour déployer la stratégie d’approvisionnement​. Il y a donc urgence à combler ce gap par la montée en compétence, le coaching, le mentorat, et pourquoi pas des échanges de bonnes pratiques entre pairs.


  • Accélérer la digitalisation des processus : En tant que manager, soyez le sponsor de la transformation digitale de votre département. Dotez vos équipes des bons outils (e-sourcing, automatisation, analytics) et créez un environnement où l’expérimentation est encouragée. Par exemple, lancez un projet pilote avec un outil d’IA (même modeste) pour traiter une catégorie d’achats non-stratégiques, histoire de démystifier la technologie. Le tout est d’impliquer l’équipe dans ce processus, de valoriser les réussites et d’apprendre des échecs. Petit à petit, la culture digitale prendra racine.


  • Valoriser les soft skills dans la culture d’équipe : Montrez l’exemple en valorisant les compétences comportementales de vos acheteurs. Félicitez non seulement les réussites quantitatives (économies, gains financiers), mais aussi les accomplissements qualitatifs – par exemple, la résolution habile d’un litige fournisseur ou la collaboration réussie avec un service interne. Intégrez les soft skills dans vos critères d’évaluation et de recrutement. En envoyant le signal que l’intelligence émotionnelle, la communication ou l’esprit d’équipe sont tout aussi importants que la maîtrise des processus, vous inciterez chacun à développer ces atouts.


  • Cultiver la collaboration et l’ouverture : Insufflez une culture de la collaboration au sein de votre organisation achats. Encouragez vos équipes à travailler en mode projet avec les autres départements, à inviter les fournisseurs à co-construire des solutions, à partager l’information en interne. Vous pouvez par exemple instaurer des réunions régulières entre acheteurs et prescripteurs internes pour mieux anticiper les besoins, ou organiser des innovation days avec des fournisseurs clés. Plus l’acheteur sera exposé à l’écosystème global de l’entreprise, plus il adoptera une posture de partenaire. En parallèle, portez haut les valeurs d’éthique et de développement durable dans chaque décision achat, afin que vos équipes intègrent naturellement ces dimensions à leur pratique.


En actionnant ces leviers, les directeurs achats donneront à leurs équipes les moyens de réussir dans ce nouveau contexte. N’oublions pas non plus le leadership par l’exemple : un manager achats qui se forme lui-même, teste de nouveaux outils et pratique les soft skills au quotidien, enverra un message beaucoup plus puissant qu’un long discours.

 

Prêt pour le changement ?

La transformation du métier d’acheteur est en marche, et il revient aux leaders achats d’en être les chefs d’orchestre inspirants. Automatisation intelligente, compétences digitales, soft skills renforcés, posture stratégique et collaborative… Voici les nouvelles notes de la partition que les équipes achats doivent apprendre à maîtriser. Le défi peut sembler de taille, mais il s’accompagne d’opportunités formidables : en évoluant ainsi, la fonction achats gagne en impact et en crédibilité dans l’entreprise. Et qui sait, peut-être que le surnom de cost-killer fera bientôt place à celui de value-maker (ça sonne plutôt bien, non ?).

 
 
 

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